La vente directe : le circuit le plus court du pré à l'assiette

Je travaille sur une exploitation de type élevage d'environ 100 ha toute en prairie naturelle avec un troupeau de vaches Charolaise, cette exploitation est reprise de mon père qui faisait déjà ce travail avec passion et m'a transmis son savoir faire.

C'est une filière nutrition santé, qui est je trouve sérieusement contrôlée, en effet afin d'améliorer la qualité de la viande nous donnons en complément aux animaux de la graine de lin, ce qui favorise l'élimination des mauvaises graisses pour notre santé. Pour être certain du résultat, des analyses sont effectuées sur certains de nos animaux en laboratoire pour confirmer cela. Ce n'est pas le tout de le dire, il faut du résultat chez bleu-blanc-coeur !

Devant la difficulté du commerce traditionnel et avec les charges d'une exploitation à l'heure actuelle, je devais trouver une solution, changer de métier ou revoir ma méthode de travail. Depuis 25 ans, je pratiquais déjà la vente directe "à petite échelle", alors l'idée m'est venue de faire mon site et voir si cela pouvait intéresser certaines personnes. A ma grande surprise je me rends compte que beaucoup de français sont prêts à faire des efforts pour acheter en direct et ainsi faire vivre notre campagne importante à leurs yeux.

Les lots de viande emballés sous vide

L'origine des produits est garantie : pas de doute je suis producteur, je réponds en direct au questions nombreuses lors des livraisons.

Par contre ce système change totalement la façon du travail sur une ferme ( surcharge importante de travail) et apporte beaucoup de joie quand nous recevons des mails sur la qualité de notre travail.

La vente directe permet aussi de voir ce qui se passe dans d'autres secteurs car nous paysans nous voyons notre misère, mais fermons souvent les yeux sur la misère des autres et la je suis confronté à la réalité.

Evidemment que cela permet d'avoir un meilleur prix sinon pourquoi se fatiguer ? Ensuite pas facile de trouver la juste mesure car nous devons certes vivre mieux que dans un système commercial classique, mais nous avons aussi un devoir de ne pas voler le consommateur et de ce coté là je pense avoir trouvé un juste milieu car mes clients me disent bon marché.

Nous passons beaucoup de temps sur la route, certes, mais le salarié lui y retrouve également son compte puisqu'il travaille bientôt à plein temps sur la ferme.
Je pense que cela pourra durer si les clients s'organisent et stockent leur viande pour un trimestre mais également se regroupent pour commander par quartier. Cela se fait de plus en plus.
J'espère également voir arriver d'autres agriculteurs dans mon sillage.
Je souhaiterais que mes collègues se rendent compte que les consommateurs attendent nos produits, alors pourquoi pas tous aller vers eux !

Les frais de transports sont énormes et c'est hélas sur ce point que je gagne ma vie alors je préfère mettre un ouvrier sur la ferme et qui sait peut être 2 ouvriers plus tard.

Nous avons tous genres de clients : le client individuel qui commande toutes les 6 semaines, les groupes qui s'organisent en quartier ou au travail, les groupes familiaux, frère, soeur, parents et à présent les AMAPs qui désirent offrir en plus des légumes de la viande à leurs abonnés.

Il y a de plus en plus de demande sur la restauration, mais ce n'est pas facile de trouver un accord, il faut trouver des patrons motivés sur le direct pour faire changer une carte de menu mais nous y arrivons et cela marche pas mal.

la consommation locale est un mot avec lequel je suis pas en accord.
Le vin de Bordeaux ne pourra pas être bu par les bordelais.
C'est identique pour nous : vers Charolles il n'y a que des vaches Blanches Charolaises, ce n'est pas ici que je vais vendre, il faudra donc bien exporter nos produits sur la France. Allez donc trouver une vache sur Paris !
De plus comme les vins nous possédons un terroir, une herbe que nous savons mettre en valeur et avec la vente directe, les clients retrouvent une saveur oubliée.
La vente directe demande du courage, et surtout du sérieux. A présent avec les méthodes de communication, nous traversons rapidement la France sans peine, faut-il savoir s'en servir ?

Enormes et sans valeur pour moi : les personnes souhaitent de bon produits et surtout pouvoir venir à la ferme si cela est possible. Mes clients me demandent de continuer mon travail avec sérieux sans plus de charges car j'ai de nombreux clients au Smic et mon but est de nourrir des familles simples.

Il est certain que ma présence sur les réseaux sociaux contribue à mon succès, mais également à partager mon expérience avec d'autres producteurs. Mais à présent je suis dépassé car on me trouve également grâce aux forums où mes clients semblent parler de moi en bien, du moins je l'espère.
Pour moi le net est un outil essentiel, mais il oblige à être au top car les bruits vont très vite dans les deux sens sur la toile.

Pionnier ça on peut le dire, mais je n'ai rien à cacher alors j'ai toujours accepté la presse à bras ouverts et je demande à mes collègues d'en faire ainsi. Je pense que d'autres secteurs ont évolué grâce à la presse alors pourquoi pas nous, cela ne me gêne pas d'être cité dans le Monde ou 60 millions de consommateurs et c'est quand même de la pub gratuite, il faut bien le dire.

Elle est trop rare à mon goût, mais j'ai espoir de voir se développer la vente directe. Nous évoluons dans un monde agricole où nous sommes jaloux les uns des autres. Mon souhait à présent est de faire une page gratuite sur mon site pour indiquer toutes les personnes qui vendent des produits agricoles en direct ou livrés, car il ne manque parfois qu'un numéro de téléphone entre nous producteurs et les consommateurs pour créer un lien, chose à laquelle que j'aimerais remédier.